Fils du vent marin de la terre et des eaux
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Origine
Le cheval de trait poitevin est originaire, selon la tradition, des Marais du bas Poitou (dont les vastes prairies étaient autrefois inondées plusieurs mois de l’année). Dans la région, des restes de chevaux datant du Mésolithique (5500 ans avant Jésus-Christ) ont été retrouvés aux environs de Surgères (en Charente-Maritime) et d’Échiré (dans les Deux-Sèvres). Il s’agit peut-être des ancêtres du Trait Poitevin.
Au XVIIe siècle, la souche indigène a été croisée avec le cheval Flamand originel importé par les travailleurs Hollandais et Flamands qui accompagnèrent dans le Marais poitevin l’ingénieur Humphrey Bradley (nommé en 1599 Maître des digues et canaux du royaume), pour y réaliser les travaux de dessèchement commandités par Henri IV.
A la fin du XVIIIe, obnubilée par la production d’un cheval de cavalerie allégé, l’administration des Haras incite les éleveurs poitevins à croiser leurs juments lourdes avec des étalons anglais et normands. Contraire aux objectifs de la production mulassière, cette pratique sera finalement abandonnée malgré les incitations financières consenties par l’administration.
Dans un chapitre consacré à l’amélioration, Ayrault signale l’utilisation en Poitou, (probablement au début du XIXe siècle), de quelques étalons de gros trait Percheron, puis entre 1860 et 1867, l’introduction dans la région d’une dizaine d’étalons d’une variété de la race Boulonnaise (la race Bourbourienne, originaire des pays marécageux du nord-ouest de la France).
De façon plus substantielle enfin, au milieu du XIXe siècle, du sang breton fut introduit dans la race ; pratique encouragée par les uns : Sanson, par exemple, qui considère que le cheval Poitevin «franchement laid et d’un tempérament d’une mollesse peu commune, n’est pas de ceux dont il faille désirer la conservation…», dénoncée par les autres : Ayrault et Bujault notamment, fervents défenseurs de l’industrie mulassière et de la spécificité poitevine.
En matière d’originalité, certains passionnés pensent même que le Poitevin partage avec le Konik polski et le Sorraia portugais (dont les robes ressemblent étrangement à la robe isabelle/raie de mulet si particulière à notre race), les caractères primitifs (rayures et zébrures sur les membres) du Tarpan (l’ancêtre des races de chevaux domestiques), celui que l’on retrouve sur les parois des grottes de Lascaux)
Conjointement à ceux du Baudet du Poitou, en raison de leur destin étroitement lié par la production mulassière, les effectifs de cet athlétique cheval de trait sont tombés très bas au début des années 90. Toutefois, la conviction des éleveurs et leur détermination relayées par une demande de chevaux pour l’attelage de loisir favorise la remontée des effectifs. Depuis 1998, ils suivent un plan d’accouplement afin de limiter la consanguinité. Afin de favoriser une rapide remontée de ces effectifs, les éleveurs privilégient la reproduction en race pure et limitent la production de mules en dépit d’une forte demande. Il s’agit d’une question de priorité. La production de mules pourra redémarrer lorsque la jumenterie sera suffisante
Rousseaux (Eric), Inventaire de la population du cheval mulassier du Poitou, La Ronde : Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, 1994, 144 p.
Rousseaux (Eric), « A propos des origines du trait poitevin mulassier », Sabots N° 25, Caen : Diligence presse, juillet/août 2008, 13-18.
Rousseaux (Eric), Le Baudet du Poitou, le Trait poitevin mulassier et la Mule poitevine, La Crèche : Geste éditions, 2011, 242 p.
Morphologie
Le Poitevin se reconnaît au standard suivant :
Tête très forte, plutôt longue, chanfrein légèrement busqué, ganaches écartées, arcades zygomatiques saillantes, oreilles grosses et longues, encolure longue chargée de crins abondants et longs, épaule longue et oblique, garrot bien sorti, dos long et bien attaché sur le rein, hanches écartées, croupe large, avalée, cuisse musclée et bien descendue, fesse longue et droite.
Poitrine large et profonde, côtes longues, membres puissants garnis de poils gros et abondants, parfois frisés ou en pinceaux sous les genoux et les jarrets, articulations larges, sabots larges et bien conformés. La robe est de couleur variée. De préférence : isabelle, noir, noir pangaré ou gris, avec le minimum de marques blanches (balzanes et liste). La robe pie est exclue.
Dans l’idéal le mâle adulte (5 ans) aura une taille minimale de 1m 65, et la femelle adulte (5 ans) aura une taille minimale de 1m 60.
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Zone d’élevage
La zone d’élevage s’étend à l’ensemble de la Vendée (17% des naissances ; Fontenay le Comte, Luçon ), aux Deux Sèvres (11% des naissances ; Melle) et à la Vienne (18% des naissances ; Civray), au nord de la Charente-Maritime (17% des naissances ; St Jean d’Angely – Marans) et au nord-ouest de la Charente (9% des naissances ; Ruffec), c’est-à-dire aux circonscriptions des Haras de Saintes et de la Roche-sur-Yon. 72% des naissances de Trait Poitevin ont lieu dans les cinq départements du berceau de la race. Mais le Trait Poitevin, a commencé à s’étendre quasiment toutes les régions de France particulièrement dans les autres départements de la Nouvelle Aquitaine, ainsi qu’en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Aptitudes et utilisations
Adapté aux zones humides.
Elevé depuis toujours dans le Marais Poitevin en plein air intégral, le cheval de Trait Poitevin est adapté aux zones humides. A titre d’exemple, le conseil général d’Ile et Vilaine en 1994, a fait l’acquisition d’un troupeau de Traits Poitevins pour entretenir des espaces de marais. Après plusieurs essais, il s’est avéré que c’est la race Poitevine qui permettait par son pâturage, de conserver la meilleure biodiversité de la flore de ces marais.
Sélectionné pour la production mulassière
Le cheval de Trait Poitevin Mulassier est sélectionné depuis des siècles pour la production mulassière. La jument de Trait Poitevin Mulassier est utilisée en croisement avec le Baudet du Poitou pour donner un animal hybride : la Mule Poitevine. Ces mules, par la sélection faite sur leurs géniteurs, sont les plus grandes de leur catégorie. Ce sont des mules de gros trait qui servent à la traction agricole.
Idéal pour le loisir attelé ou monté
Si les femelles de Trait Poitevin sont utilisées en priorité pour l’élevage et la sauvegarde de la race, les mâles sont utilisés pour le loisir monté ou attelé, voire pour des activités professionnelles. Son élégance naturelle et sa docilité font du trait poitevin un cheval très apprécié pour la selle ou pour l’attelage. De nombreux propriétaires de Trait Poitevin l’utilisent pour des petites randonnées familiales. Le cheval de Trait Poitevin par sa morphologie plutôt allongée est très agréable sous la selle. Le Trait Poitevin est également adapté à l’attelage de loisirs. Les utilisateurs trouvent ainsi un cheval polyvalent qui peut un jour être attelé à une petite voiture d’attelage et emmener toute la famille en randonnée et le lendemain être monté pour une excursion avec d’autres chevaux ou en solitaire. Ainsi une famille de Vendée, a fait l’acquisition d’un Trait Poitevin pour partir en vacances en roulotte.
Certains participent même à des concours d’utilisation en attelage. A noter ceux qui ont participé à la finale SHF jeunes chevaux d’attelage à Compiègne : Soidisant de Lafarge et Rodin Richardière en 2009, Rycadio de Mude, Sarriette de l’Etoile et Tosten de Liscoët en 2010, et Calypso 3 en 2017. (Entre 1998 et 2004, 17 chevaux de Traits poitevins ont participé à la finale SHF qui avait lieu à l’époque à Saumur)
Des exemples d’utilisations professionnelles
Parmi les utilisateurs du Trait Poitevin, certains ont développé une utilisation professionnelle moderne de ce cheval. Son look particulier est apprécié de ceux qui recherchent dans le cheval de Trait un atout touristique, avec des visites en voiture d’attelage par exemple. . Le look particulier du Trait Poitevin est aussi apprécié dans le domaine du spectacle. Ainsi la troupe Chandelae dans les Deus-Sèvres utilise 3 chevaux de Trait poitevins dans ses spectacles : Ouragan des Vents, Baikal des Metairies et Elior du Magnou.
Un autre exemple, est celui du gardiennage à cheval. Trois Traits Poitevins ont été régulièrement utilisés pour cette activité dans la forêt de Melun (77) en région parisienne. Leur grande taille, leur calme et leur look les rendent particulièrement apte à ce type de travail. Il s’agissait de Noumba du Pontreau, Quikaole des Galeries et Roco de Fenioux appartenant à la famille Cochois. En 2018, trois autres chevaux de Trait poitevins sont utilisés par des brigades équestres en région parisienne, loués par le centre de formation Tonerre 511 Delta. Il s’agit de Newton de l’Age, Reveuse de l’Age et Volcan du Maine.
Certaines villes ont introduit le cheval de Trait dans la vie citadine pour le ramassage scolaire, pour le tri des déchets, ou l’entretien des espaces verts. Plusieurs Trait Poitevin ont ainsi travaillé pour la ville de Niort.
Enfin le calme du Trait Poitevin et sa capacité de traction sont appréciés des débardeurs professionnels. C’est le cas de Jean-Jacques Seité, à l’origine éleveur de Trait Breton, qui suite à un défi, s’est intéressé au Trait Poitevin et lui a découvert des qualités de débardeur. Le Trait Poitevin est également appréciés des viticulteurs qui trouvent dans ce cheval un moyen d’entretenir leur vignoble en évitant le tassement des sols. (Jean Clopes dans le Gard et Loïc Pasquier en Gironde).
Derniers chiffres (source SIRE )
34 étalons en activité en 2021
220 juments en activité en 2021, dont 66 % saillie par un cheval de Trait poitevin et 30 % saillie par un âne Baudet du Poitou, et 4% ont été saillie par les deux races au cours de la même saison de monte (revue).
71 naissances de Trait poitevin en 2021 (25 naissances en Mule poitevine)
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